Les Vengeances de Maître Poutifard : Christian Clavier, Pef et l'art de la comédie
À l'occasion de la sortie au cinéma des "Vengeances de Maître Poutifard", Christian Clavier et le réalisateur Pef nous donnent des leçons de comédie. Une interview rien que pour vous !
Pef et Christian Clavier séduits par Maître Poutifard
"Les Vengeances de Maître Poutifard", c'est l'histoire d'un professeur des écoles pas tout à fait comme les autres. Après avoir été martyrisé par un groupe d'élèves, il décide à l'heure de la retraite de se venger de ces enfants cruels. Devenus des adultes au succès indéniable, ils vont voir débouler leur ancien enseignant prêt à tout pour gâcher leur vie...
À l'occasion de la sortie du film en salles, CitizenKid a rencontré son réalisateur, Pef, et l'acteur principal, Christian Clavier. Si ce livre de Jean-Claude Mourlevat, publié en 2004, a charmé le metteur en scène, c'est pour son personnage principal : "Il a une vie hors du commun, il habite encore chez sa maman à l'âge de la retraite" nous explique-t-il. L'artiste déjà derrière les adaptations des "Profs" et de "Gaston Lagaffe" ajoute : "Son objectif fou de vouloir exterminer ces enfants, ça me faisait beaucoup rigoler et ça me donnait envie de faire plein de gags. Et le rebondissement final auquel je ne m'attendais pas du tout. Tout cela m'a donné hyper envie de l'adapter".
Si Christian Clavier a accepté l'aventure, c'est davantage lié à la confiance qu'il accorde au talent de Pef, car le comédien n'avait pas lu le livre : "Il m'envoie un scénario, je sais que ça va être bien donc je lis avec beaucoup d'intérêt. Il y a cette histoire de vengeance, son univers à lui qui peut tirer jusqu'au burlesque, dans lequel les situations de comédie vont être bien faites. Je sais que ça va être beau, qu'il va bien filmer, que les enfants vont être bien dirigés. Il y a des scènes incroyables avec des animaux. Et puis il y a Isabelle Nanty, qui est plus jeune que moi et qui joue ma mère. C'est épouvantable", s'amuse-t-il. Il faut dire que leur duo fait des étincelles... Ce qui l'a aussi convaincu, c'est le ton de l'oeuvre : "C'est pour un public ciblé mais pas du tout niais, les parents peuvent accompagner les enfants sans s'ennuyer".
Une histoire de vengeance qui tourne bien ?
Sous ses allures de vendetta sans pitié, le film est aussi un tendre hommage aux professeurs, parfois maltraités par leurs étudiants. Pef a d'ailleurs dédié son long-métrage à un enseignant à qui il n'a pas fait de cadeau : "J'étais un sale gosse, je ne m'en vante pas trop". Ce qui l'a rendu travailleur, c'est son métier, à l'image de son père qui n'aimait pas l'école et a fini par devenir chirurgien. "Il faut juste trouver sa voie", conclut-il. Christian Clavier, lui, insiste sur l'importance des limites à l'école : "Des enfants ensemble, ça peut devenir terrible. Car c'est la surenchère, c'est à qui va en faire le plus. Ça devient très très cruel".
Or, si l'on est embarqué dans la vengeance de Poutifard, à qui de méchants enfants ont fait du mal, la comédie va au-delà. Pef dit adorer aller voir certains derniers films de Clint Eastwood ou de Tarantino, et même Jacques Audiard, qui "défoulent". Mais il souligne que dans la "vraie vie", la vengeance "ça ne marche pas du tout" : "On n'y trouve aucun apaisement, bien au contraire donc je trouvais ça intéressant d'apporter dans cette fable une autre conclusion". Ce que confirme Christian Clavier : "C'est évident que c'est un sentiment parfaitement délétère la vengeance", avant d'avertir que "Les bons sentiments ne font pas des bons films". On se laisse donc embarquer par le plan diabolique de Poutifard et de sa mère, et on se délecte, tout en accueillant avec plaisir une conclusion feel-good
Une comédie intergénérationnelle à voir au cinéma
Ce qui fonctionne également dans "Les Vengeances de Maître Poutifard" est ce mélange de rétro et de modernité. Plutôt que de basculer l'action en 2003, Pef a choisi un univers à part, inspiré des années 60, 80. D'après lui, cela ne dérange pas les spectateurs "du moment que c'est beau à l'image. Et l'important est la sincérité des acteurs". Il n'en oublie pas pour autant l'actualité : "Cela aurait été dommage de ne pas peinturlurer notre société. Je n'ai pas pu m'empêcher. J'espère que je ne règle pas des comptes. Mais quand je vois que le président Macron invite McFly et Carlito à l'Élysée, tout ça parce qu'ils font 10 millions de vues, je me dis 'ah bon, même les présidents ont besoin de cette pub-là'". Il explique sa démarche : "Je trouvais ça rigolo d'en faire une petite parodie, de montrer ce que sont les nouvelles stars, les influenceurs à Dubaï qui montrent leur opération des fesses en direct. Pour moi, c'est désastreux et ça me faisait rire d'en parler".
Le résultat ? Un film intergénérationnel où tout le monde y trouve son compte. Pour Pef, c'est d'ailleurs un vrai bonheur de voir en tournée des avant-premières les enfants, les parents, les grands-parents : "C'est ce que j'ai vécu quand j'étais petit et que j'allais voir 'Les Bronzés', les Gérard Oury, les Pierre Richard. Les parents n'y allaient pas pour me faire plaisir. On y allait ensemble et on rigolait ensemble. C'est inoubliable de rire des mêmes choses, petits et grands".
Pour Christian Clavier, interpréter Robert Poutifard n'a pas été de tout repos : "J'avais le préparateur du PSG pendant des mois avant de faire le film ! Ça m'a permis de pouvoir être tonique", a-t-il plaisanté. Et quand Pef a répondu : "Bien sûr, quand il y a des grosses cascades, c'est une doublure. On ne va pas vous raconter du pipeau", le comédien a renchéri "Moi j'ai longtemps longtemps doublé Tom Cruise". Un échange qui traduit l'ambiance espiègle du tournage. "On a beaucoup rigolé", raconte Pef, "On est là pour faire rire mais on ne fait rire que si nous on s'amuse. On ne pourra jamais tricher. Si les spectateurs s'amusent, c'est que nous on s'est amusé. Y a pas de secret !". Et cela se voit à l'image en effet. À vous de juger dans les salles dès ce 28 juin.
>> Retrouvez le film "Les Vengeances de Maître Poutifard" sur CitizenKid.
Mis à jour par Charlotte Loisy le 27 juin 2023
Article créé le 26 juin 2023
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