Education : la peur d'interdire

Interdire c’est faire respecter des règles dont la nécessité est incontestable

Certes, ce n'est pas très agréable car cela demande de faire face à l'opposition et d'assumer potentiellement le conflit. Pourtant, déterminer ce qui est permis et ce qui ne l'est pas, trace les limites de la place qui revient à l'enfant. Il peut alors se situer dans une relation cadrée par la différence des générations. Interdire revient donc à prendre sa place de parent pour que l'enfant puisse prendre la sienne. La tentation de s'épargner l'opposition est grande mais problématique, dans la mesure où c'est précisément en s'opposant que l'enfant parvient à se définir comme enfant, déjà, et ensuite, comme personne soumise à des droits et des devoirs. Fondamentalement faire respecter des règles - justement - revient à assigner des limites rassurantes.

Interdire justement : un service que les enfants apprécient

Gare au regard des autres qui peut inciter le parent à renoncer, il ouvre une porte que l'enfant aura vite repérée. Les enfants aiment les adultes fermes et cohérents, les professeurs stricts et justes (ceux qui « apprennent bien »), les grands-parents attentifs avec leurs « habitudes d'autrefois », toutes ces personnes « réglo » qui, en fin de compte les rassurent tant. Ils se montrent d'ailleurs sans pitié à l'égard des « faux jeunes » qui jouent les copains. Très vite, ils comprennent que l'adulte qui se donne la peine de faire respecter des règles justes le fait pour leur bien.
La peur de perdre l'amour de l'enfant est compréhensible mais infondée. Bien au contraire l'enfant sécurisé par des limites bien posées peut d'autant mieux aimer son parent car il reçoit de lui ce dont il a besoin pour grandir. Rassurons-nous, une fois le pas franchi, la relation en sera tant facilitée que la peur disparaîtra définitivement.

Jean Epstein est Président du Comité d'Experts KIDEXPO.