Le Tour de France 2013 : la 100e édition ! Idées reçues vs. la vérité
La centième édition de la compétition de cyclisme la plus prestigieuse du monde, le Tour de France 2013, débute le 29 juin, à partir de Porto Vecchio, en Corse. Dans l'attente de celle-ci, essayons de passer trois idées reçues à l'épreuve des vérités statistiques.
La centième édition de la compétition de cyclisme la plus prestigieuse du monde, le Tour de France 2013, débute le 29 juin, à partir de Porto Vecchio, en Corse. Trois semaines plus tard, le 29 juillet, les forçats de la route arrivent à Paris. Entre temps, on peut s'attendre à retrouver les éternelles histoires héroïques, tragédies modernes, rebondissements imprévisibles et polémiques insolvables que seul le Tour de France peut offrir.
Une des plus grandes compétitions sportives du monde (la plus grande, même, selon son directeur Christian Prudhomme), c'est aussi celle qui suscite les sentiments les plus radicalement opposés. D'un événement sportif à l'immense importance dans l'imaginaire collectif - tant celui des adultes que celui des enfants - à la compétition qui cristallise plus que toutes les autres les polémiques liées au dopage, le Tour de France galvanise les foules autant qu'il les indigne. La sortie prochaine du film La Grande boucle, une comédie populaire avec Clovis Cornillac, et l'emballement médiatique qu'a provoqué l'an passé la condamnation de Lance Armstrong pour dopage prouve autant l'un que l'autre que l'ambivalance des sentiments que suscite le Tour de France.
Des enfants qui, en plein pendant les "grandes vacances", se projettent sur les héros à deux roues, devant la télé ou sur le bord de la route, aux méfiants à tendance complotiste qui versent aisément dans la version sportive du "tous pourris", soit le "tous dopés", les spectateurs du Tour sont motivés par des sentiments variés. Pour y voir plus clair, essayons de passer trois fameuses idées reçues à l'épreuve de la vérité statistique.
1 : Le Tour de France va de plus en plus vite
Vrai. En 1903, le vainqueur de la toute première édition, le Français Maurice Garin, avait parcouru 2428 km en 93 h 33 min (soit à une moyenne de 25,7 km/h), alors que l'an passé, l'Anglais Bradley Wiggins remportait le Tour en seulement 87 h 35 min, quand bien même celui-ci était 44 % plus long (soit à une moyenne de 39,8 km/h). Sans surprise, c'est Lance Armstrong qui détient le record du Tour le plus rapide, avec une moyenne de 41,7 km/h, même si, évidemment, il ne doit pas son mérite à ses seules jambes...
2 : Le Tour de France est de plus en plus dur
Vrai et faux. Certes, le Tour va de plus en plus vite, avec une vitesse moyenne incroyablement élevée, mais le taux de coureurs qui atteignent la ligne d'arrivée des Champs-Elysées est de plus en plus important. En effet, alors qu'environ 4 cyclistes sur 10 parvenaient à finir le Tour durant ses premières décennies d'existence, en 2012, seulement 45 avaient abandonné, sur 198 inscrits. De plus, l'impression que le Tour est de plus en plus long est fausse : celui remporté par Wiggins ne faisait "que" 3479 km, alors qu'en 1926, l'Allemand Lucien Buysse avait du rouler sur plus de 5700 km pour s'imposer... Ainsi, si en soi, le Tour de France est de plus en plus difficile, on peut considérer que, relativement au niveau des coureurs, il est mieux adapté que jamais à leurs capacités.
3 : Les cyclistes sont tous dopés
Faux. Certes, les affaires de dopage ponctuent chaque saison cycliste, quand bien même on nous promet chaque année un Tour de France "propre", et la gigantesque imposture de Lance Armstrong, a qui la Fédération a retiré ses sept titres de vainqueurs, n'a pas grandi l'image de son sport. Cependant, il serait illusoire de croire que le cyclisme est plus touché par cette forme de tricherie que les autres sports. Une récente étude réalisée par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFD) a montré que si les cas étaient aussi nombreux dans le cyclisme, c'est parce que c'est le sport où les contrôles sont le plus fréquent. En effet, le ratio de cyclistes professionnels dopés est inférieur à celui des rugbymen, footballeurs, basketteurs et autres athlètes. Certes, ces statistiques ne se basent que les tests effectués en France, mais sur des sportifs de toutes nationalités.
Conclusion : ne jetons pas bébé (le Tour) avec l'eau du bain (la tricherie)
Un des événements sportifs les plus populaires au monde (en 2009, 78 chaînes retransmettaient le Tour, qui pouvait ainsi être suivi dans 170 pays), le Tour de France attire autant de fantasmes que de controverses et désespère autant qu'il enthousiasme. Cependant, avant de tirer des conclusions hâtives quant à son taux de contamination par la tricherie et tout rejeter d'un bloc, il est bien avisé de se pencher de plus prêt sur les chiffres, afin d'arraisonner nos impressions subjectives.
Mis à jour par Patricia Vivier le 28 mai 2014
Article créé le 23 mai 2013
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