Le Peuple Loup : Tomm Moore nous dévoile son chef-d'œuvre

"Le Peuple Loup" : le nouveau chef-d’œuvre de Tomm Moore

Cela ne nous a pas surpris, c'est au Centre culturel irlandais de Paris que l'on a rencontré Tomm Moore pour parler de son nouveau film, "Le Peuple Loup". En résidence dans ce lieu de création et d'échange, le réalisateur puise son inspiration dans l'univers celtique depuis ses débuts.

En 2009, il explorait la beauté de l'enluminure dans "Brendan et le secret de Kells", l'histoire d'un jeune moine en pleine invasion viking. En 2014, il sondait la magie et la force de l'océan dans "Le Chant de la mer". Avec "Le Peuple Loup", on retrouve des créatures mythiques, de la magie et une nature foisonnante, sur fond de musique traditionnelle et en pleine opposition entre Anglais et Irlandais.

Car c'est en 1650 que le metteur en scène situe son action. Au village, Robyn n'aspire qu'à une chose : aider son père à chasser les loups qui menacent la ville. Mais quand elle s'aventure en forêt, elle fait la rencontre de Mehb, mi-fillette mi-louve. Sa vision de la vie sauvage et de l'Homme est bouleversée par cette amitié.

"Le point de départ du film pour Ross (Stewart, co-réalisateur) et moi, c'était de parler du spécisme. Car l'on perd beaucoup plus qu'un animal quand on laisse une espèce s'éteindre. On se perd nous. Nous sommes la nature". Pour Tomm Moore, l'ancienne génération réalisait cette connexion entre l'Homme et la nature, mais cela s'est perdu au fil du temps et il fait bon de la rappeler à la jeune génération. "La nature, ce n'est pas un jardin que l'on doit protéger, c'est nous", ajoute-t-il.

Un film d'animation qui marquera petits et grands

Pour aborder un sujet aussi difficile, Tomm Moore utilise une magnifique amitié, une beauté graphique époustouflante, une musique entraînante et envoûtante, et bien sûr l'humour. "La logique, ce n'est pas : 'Il faut manger des brocolis car c'est bon'. Il faut que les enfants prennent du plaisir en voyant le film". Trouver le ton est un vrai challenge d'après lui, et il évoque des réalisateurs comme Isaho Takahata qui aborde des thèmes complexes de façon subtile, notamment dans "Le Conte de la Princesse Kaguya".

Avec Miyazaki, ce sont les maîtres de l'animation, selon lui. Mais Tomm Moore cite d'autres influences : les classiques de Disney, les comics américains, les BD d'Astérix, Jim Fitzpatrick, Marcell Jankovics, les films des studios Kecskemét, Michel Ocelot... Tout cela a nourri son univers qui, s'il tourne autour de la culture celte et irlandaise, est ouvert aux autres peuples et cultures. "Plus on explore sa culture autochtone, et plus on voit ses points communs avec d'autres, sa compatibilité", explique le réalisateur.

"Le Peuple Loup" est une synthèse du monde riche et inimitable de Tomm Moore. Un langage qui se rapproche de la peinture, des figures géométriques à la Klimt, une aventure complexe et rythmée, une bande originale sublime, des héroïnes fortes et attachantes, un message impactant...

L'artiste ne prend pas à la légère sa responsabilité vis-à-vis des enfants. Contrairement aux adultes qui voient et parfois oublient beaucoup les films qu'ils regardent, cela marque énormément les jeunes spectateurs. Et s'il mesure son devoir envers le jeune public, il n'oublie pas pour autant les parents. "Le Peuple Loup" évoque aussi la confiance que ces derniers doivent donner aux enfants, quand leur laisser le contrôle et quand le reprendre...

Le long-métrage parlera autant aux petits qu'aux grands. Un chef-d'œuvre à ne pas manquer au cinéma, pour son fond comme sa forme, pour sa singularité comme son universalité. Foncez !

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